Écrire un roman policier à l’aide d’un jeu, c’est possible !
J’ai eu l’occasion de travailler dans un collège pour donner des cours de FLE/FLSCO à des élèves allophones mais ce contexte d’enseignement m’a aussi permis d’intervenir dans une classe de 5ème « classique ». C’est donc en collaborant avec une enseignante de lettres modernes que j’ai contribué au Projet Crimebox.
En fin d’année, cette collègue voulait aborder le thème du roman policier avec ses élèves.
Elle connaissait mon attrait pour le jeu et de fil en aiguilles nous avons organisé le Projet Crimebox !
Mon rôle ayant été celui d' « intervenante ludique », je ne saurais décrire tous les objectifs ou démarches dans le cadre du programme officiel de 5ème. Dans cet article, je ne présenterai que les grandes lignes du projet, la démarche utilisée pour le déroulement du jeu et les conclusions générales.
Le projet
Institution : collège classé REP+
Public : 20 élèves de 5ème comprenant 3 élèves allophones (que j’avais en cours de FLE/FLSCO).
L’objectif principal était d’aboutir à la rédaction d’un petit roman policier. La classe était divisée en 4 équipes de 5. Le jeu Crimebox apporte toutes les idées nécessaires pour pallier le manque d’inspiration que rencontrent parfois certains élèves.
Temps : 2 semaines (soit 8 heures)
Matériel : une salle de classe + une salle multimédia
Organisation :
Première semaine – pour chaque séance, je prenais en charge une équipe pour jouer à Crimebox. Pendant ce
temps-là, ma collègue avait en charge les trois autres équipes pour réaliser des activités de découverte autour du roman policier. A leur rythme, ils devaient réaliser plusieurs tâches en suivant
une feuille de route (réaliser une fiche auteur, lecture de nouvelles etc)
Deuxième semaine – nous étions toutes les deux en salle multimédia pour accompagner les élèves dans leur
rédaction.
Le déroulement du jeu
Si vous n’avez pas encore lu l’article descriptif de Crimebox, faites-le maintenant ! ça se passe ici.
Temps prévu : 1h
Déroulement :
Deux tables étaient accolées pour avoir la place de construire le tableau d’investigation.
Un rapport d’enquête était projeté. Ce rapport est en fait la prise de notes de l’évolution de l’enquête au cours du jeu : elle comprend les informations sur
la scène de crime, sur la victime et sur les suspects mais aussi un espace pour écrire le résultat de l'enquête i.e. le mobile du crime et le coupable. En somme, cette fiche sert à se souvenir de
toute l’enquête. A la fin de la séance de jeu, je l’ai imprimée pour que chaque équipe ait un exemplaire afin de rédiger leur roman policier. Le jeu apporte tellement de détails qu’il était
important que les élèves en aient une trace écrite.
Je me présentais aux élèves en tant qu’inspectrice en chef (avoir ce genre de
titre n'arrive pas souvent !) et je leur expliquais qu’ils étaient mes détectives pour résoudre l’enquête du jour.
J’installais avec eux la scène du crime en leur faisant tirer les cartes. Je commentais moi-même la scène : lieu, identité de la victime, première
observation. Puis en leur faisant tirer les 3 cartes de suspects, je leur annonçais qu’ils avaient 45 minutes pour trouver le coupable parmi ces 3
personnages.
C’est à ce moment que je leur ai expliqué la mécanique du jeu : piocher deux cartes de la même catégorie et en choisir une pour faire avancer l’enquête.
J’avais pris soin au préalable de retirer quelques cartes du jeu (voir article Crimebox Investigation).
Après chaque tour de table, nous prenions 3 minutes pour récapituler les nouvelles informations qui avaient été mises au jour et je pouvais ainsi remplir le rapport d’enquête sous leurs yeux.
Une fois le coupable déterminé et un déroulement cohérent trouvé, j'ai expliqué aux élèves qu’ils allaient se resservir de leur fiche d’enquête pour rédiger leur roman policier la semaine d’après.
Pour la rédaction, les élèves disposaient donc de leur rapport d’enquête réalisé pendant la séance de jeu mais aussi d’une structure préétablie du livre à écrire : 4 chapitres – découverte du corps, histoire de la victime, relations avec les suspects, dénouement du crime.
Conclusions
Le Projet Crimebox fut une belle réussite pédagogique et l’expérience fut renouvelée cette année.
* La réaction des élèves fut très positive. D’un côté, les faire travailler en équipe a été un moteur de travail intéressant. Les élèves allophones, répartis dans différents groupes, ont eu l’opportunité de participer au projet de la même manière que les autres élèves. D’un autre côté, le mode de travail par ateliers (jeu et en salle multimédia avec une fiche de route) a, semble-t-il, été un excellent moyen de faire travailler ces élèves (certains perturbateurs, en échec scolaire…). Le jeu a été un support nouveau pour eux et cela a attiré leur attention. Le thème et les cartes du jeu sont sérieux et l’allusion aux séries policières leur a plu.
* Le jeu Crimebox a été un moyen de donner la parole à tout le monde. Dans un but bien précis, les élèves ont dû se concentrer pour imaginer une histoire cohérente en s’exprimant de manière claire.
* Un de mes conseils pour améliorer la tâche finale de rédaction serait d’être vigilant à ce que les élèves n’utilisent pas constamment les expressions brèves du rapport d’enquête ("suspect n°2", "analyse ADN" etc). Si certains se sont bien réappropriés les idées issues du jeu Crimebox, d’autres ont parfois eu tendance à accoler bout à bout les phrases courtes de la fiche.
Je vous laisse apprécier trois exemples de romans !
Avez-vous déjà utilisé Crimebox
dans un tel projet narratif ?
Avez-vous des critiques ou des questions ?
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